Vestibule  Manifeste ERBEFOLE Pages personnelles Esthétique Oeuvres : cliquer sur "Archives" ou "Florilège" Dialogues Interventions en cours

 

Dialogues

 


Programme de Pierrefonds


     Réuni en assemblée extraordinaire au château de Pierrefonds (Oise), le collectif artistique ERBEFOLE a évoqué et débattu les points suivants, dans une volonté de mieux se connaître et penser consciemment sa nature collective :

- ERBEFOLE se voit comme impulsion, impulsion vécue tant au niveau personnel que collectif.
- Il a été souhaité de voir plus de projets en commun mis en oeuvre.
- De là, nous pensons utile et bénéfique de développer les occasions de rencontres, en particulier par petits groupes, afin de toujours s'enrichir mutuellement de nos connaissances artistiques ou autres.
- Cet échange de points de vue amène la question : faut-il continuer les grands projets dont la réalisation est aléatoire actuellement ? Ou devons-nous aller vers des contacts plus spontanés, en tout cas une simple mais belle impulsion vers autrui ? Nous pensons, au vu de la diversité des erbefeus, que les deux conceptions peuvent coexister. Cependant, l'idée des contacts spontanés ayant fait ses preuves, nous considérons logique de les développer.
- Une autre réflexion capitale, et pas assez débattue jusque là, est celle de plus s'inscrire dans la cité. Puisque nous détenons un certain potentiel humain et quelques travaux présentables, il importe de faire un pas vers le monde et de courageusement, patiemment, construire une présence publique.
- Par là, développer des interventions peut-être modestes (du genre d'une nouvelle balade Dada ou le projet de lecture en ville.) est un concept à mettre en ouvre.
- Il en découle également la volonté de se préciser comme vision collective capable de lier l'amitié au caractère professionnel de nos créations. Une forme d'identité apte à édifier une présence publique appelle une sorte de pragmatisme, une capacité stratégique comme instrument de révélation créatrice.
- Un projet formulé à Pierrefonds même est celui des exercices de style (à partir d'une phrase, d'un genre, d'un sujet ou d'un médium) : ce ne serait pas tant le résultat qui compte mais bien l'apprentissage commun de techniques que suppose cette idée, idée d'une intelligente sobriété apte à étendre nos compétences artistiques.
- Dans le même ordre des choses, l'intérêt de stages techniques a été discuté : ces stages permettraient de mettre les compétences maîtrisées par certains au service de la collectivité, de s'instruire ensembles - par exemple pour l'usage de la caméra.
- Dans l'opinion générale ressort la nature d'ERBEFOLE comme forum d'enrichissement artistique allié à des vues complémentaires entre ceux qui aiment lancer des projets et ceux qui aiment faire. Ainsi nous estimons capital de renforcer les couples d'esprits, ceux existants (tels Henrri/Fabien, Edwige/Audrey) et ceux qui pourraient se former.
- ERBEFOLE s'anime de l'amitié et du respect mutuel, toutefois nous estimons que nous devrions renforcer la perception (trop rare jusque là) du travail d'autrui. En outre, continuons à rechercher des contacts, de nouvelles rencontres et personnalités qui élargiraient notre vivier amical et intellectuel.
- Développer aussi les interventions abordant franchement, personnellement son évolution créatrice : chacun pourrait apporter, s'il le veut bien, son vécu des choses artistique en bilan spirituel offert à la collectivité.
- ERBEFOLE a souvent fonctionné tel un tremplin pour certains, si ce n'est pour parler de Rome, la Grèce, la Russie. la présence collective doit continuer à mêler l'épanouissement personnel aux projets.
- De même, il ne faudrait pas hésiter à penser aux travaux ponctuels qui sont une expérience en soi, quel que soit le résultat (voir les articles de Clément, Edwige et Fabien).
- Une nécessité à examiner sérieusement serait l'utilité du site : si le contenu est plutôt encourageant, la présentation ennuyeuse et datée est un obstacle pour notre présence. Sans remettre en question les acquis du site, il pourrait être envisagé d'en redistribuer la responsabilité selon les compétences, et ainsi de faire du site un outil plus attrayant et même émanant plus de l'esprit collectif.
- En ultime remarque, disons qu'il faudrait toujours développer une mobilité, véritable aide à la rencontre artistique, le changement de milieu favorisant l'ouverture des points de vue, l'ouverture au partage humain.


Au château de Pierrefonds, le 14 juin 2003.

Signé : Sébastien Erhard (Henrri de Sabates), Fabien Bellat, Alexandre Fontaines, Eric Lefeuvre, Edwige Core, Antoine Desbouys, Romaric Bardet, Clément Lemoine, Audrey Leignel, Jérôme Chauvin, Gael Boulard, Ilya Borodino.


Nota (F. Bellat) : Document issu d'une fertile et animée discussion, ce Programme de Pierrefonds n'a rien d'un outil rhétorique mais en revanche donne beaucoup, un peu en désordre, avec quelques recoupements, de toute la dimension humaine qui nous lie. Aussi ce texte devient précieux, parce qu'il se fiche des mots bien pesés et proclame notre alliance amicale et artistique.




Les Douze à Pierrefonds


Ils vinrent à Pierrefonds.
Pierrefonds est un nom sonnant héroïque. Sur mon visage s'inscrit le sourire béat du type récompensé de sa bonne inspiration : une nuit j'ai rêvé du château de Pierrefonds.
Le lendemain, voyant Edwige, je lui confie mon projet d'une excursion dans ce village d'Oise - l'enthousiasme de la demoiselle et quelques mails déclenchèrent le processus.
Donc, en ce samedi 14 juin de l'an gracieux 2003, ils vinrent à Pierrefonds discuter une mémorable alliance.
Le sieur Henrri de Sabates venait de Bretagne. Antoine Desbouys de Lyon. Ilya Borodino d'Orléans. Alexandre Fontaines, Eric Lefeuvre, Jérôme Chauvin de Rouen. Edwige Core, Audrey Leignel, Clément Lemoine, Romaric Bardet, Gael Boulard et moi fîmes partir notre carrosse de Paris.
Le programme était simple : visiter le château de Pierrefonds et pérorer d'un programme de Pierrefonds.
Depuis des années passionné par la figure tutélaire de Viollet-le-Duc, je jouais ainsi le rôle de guide. Que dire ? Pierrefonds, castel érigé par l'inquiet Louis d'Orléans à partir de 1392, en pleine guerre de Cent Ans, jusqu'à son assassinat en 1407. Pierrefonds est un Moyen-âge surgi dans nos gueules au mépris des siècles.
1617 : le cardinal de Richelieu, mateur de noblaillons agités, ordonne le démantèlement du château. 1857 : l'architecte E. E. Viollet-le-Duc, déjà chargé de la restauration des cathédrales de Paris, Reims, Amiens et de biens d'autres édifices forts encombrants et forts délabrés., Viollet-le-Duc imagine une démentielle, hallucinatoire, épique reconstruction du Pierrefonds ruiné.
Il parait que c'est Napoléon III qui demande le boulot et paye la facture.
Il serait plus juste de dire que Viollet-le-Duc a soufflé l'idée au petit grand empereur : l'architecte s'y entend très bien pour imposer ses songes médiévaux aux maîtres d'une France désespérément bourgeoise.
Ainsi Viollet-le-Duc, de 1857 à sa mort en 1879 (malgré la chute du Second Empire en 1870) érige le dernier rêve monumental d'Europe. Pierrefonds est un fantasme gothique. Un fantasme surnaturel mais gothique.
Ce devient notre fantasme. Pour un jour, nous avons conquis la place forte.
Parmi ces tours solides et fières, dans cette chapelle construite sans un signe religieux par un sublime athée, parmi la débauche d'escaliers multipliés en pur décor d'opéra gothique, nous nous posons et en société artistique, nous jouons le concile d'ERBEFOLE.
Notre cénacle en ce concile ne bannit aucune hérésie ni ne proclame une Eglise affermie : nous précisons la vision de ce que nous sommes, évoquons les gestes à créer, les amitiés vivantes et à découvrir (cf  Programme de Pierrefonds).
Que sonnent les trompettes. Que sur toutes les places publiques s'affiche l'Edit d'ERBEFOLE. O peuple des Arts, ERBEFOLE a gravé ses lois sur de fictives tablettes (de chocolat).
Autre chose : dans le sanctuaire aux voûtes somptueusement décalées par Viollet-virtuose-le-Duc, en cette atmosphère de pierres que caressent des transparences ombrées, j'ai exceptionnellement donné lecture d'un passage de mon roman.
Car aujourd'hui est un grand jour. ERBEFOLE a déménagé vers une France autre que celle de nos traditionnelles réunions rouennaises et parisiennes. Ce jour, ERBEFOLE naquit à de bien différentes rencontres. Ah, je ne peux l'écrire ! Quel journalisme de froid mémorialisme saurait retransmettre le bonheur de nos sereines silhouettes, marchant auprès du château, partant à travers champs dans une cohésion de douze têtes unies au-delà des arts, au-delà des forêts présentes ?
Cela ne peut se mettre en doute ; la rencontre de Pierrefonds (chacun son jardin des oliviers) marque pour ERBEFOLE une étape ; une autre et nouvelle conscience de notre alliance capable d'amitié comme de création.
Maintenant que nous avons réaffirmé et même clamé ce que confusément nous pressentions depuis des années, nous pouvons avancer.
Et, qu'on se le tienne pour dit, nous avancerons.

               Après nos carrosses nous menèrent à la Ferté-Milon. Ici un autre castel de Louis d'Orléans, en 1407, est resté inachevé. Seules sur la colline les tours superbes avancent une façade intacte, immobile depuis le XIVème siècle, depuis le XIVème siècle laissant ses fenêtres donner un jour bleu sur le vide de planchers et toits jamais installés : jamais La Ferté-Milon n'a connu la tristesse des architectures closes sur elles-mêmes ; La Ferté-Milon est un château de théâtre, un château des nuages passant par les fenêtres.
Moment d'émotion. Au soir le soleil généreux, quoique au déclin, illumine les pierres blanches mariées au bleu azur.
Dans notre société il y eut ce silence de la grâce, la pure émotion de rencontrer un lieu d'une étrange et chaude anormalité transmise sans intermédiaire du Moyen-âge.
Nous avons eu du mal à quitter le château aux croisées pastel.
Villers-Cotterêt, bourg paradigme de notre chère et française province accueillit nos agapes noctambules, à tel point que l'aurore presque venue nous étions encore là, secoués d'une infatigable hilarité, là sur cette place vide exhibant un solitaire et ridicule Monument aux Morts, tous possédés du rire, rire, et encore rire, loin des contingences, rire libres, rire hors des médiocrités incapables de nous contaminer, rire par partage.
Pierrefonds. Ce nom sonne amical.
Un nom pour se souvenir, dans l'art, dans le plaisir commun, pour respirer.
Un seul mot totalise notre vision Pierrefonds : bonheur.
 Inscrit, ce mot remplace avantageusement la mémoire.

                                                                                         Fabien BELLAT.
                                                                                   Pierrefonds, 14 juin 2003.

 


Je dédie ce texte à mes amis d'Er.be.fo.le. et tous les autres qui n'y sont pas...
avec un gros merci.

Ecrire pourquoi, écrire pour qui...?

            Lors de notre sympathique et agréable réunion à Pierrefonds, j’ai émis l’idée que chacun d’entre nous devrait écrire sur l’art qui le motive et sa manière d’envisager ce médium. Le but étant de communiquer nos appétits aux autres membres de manière plus claire, mais aussi au lecteur qui nous font la joie de venir nous rendre visite par le biais du site, permettant une meilleure compréhension et facilitant la collaboration inter et extra “ erbefoliennes ”.
            N’ayant nullement la prétention d’imposer cet exercice, périlleux s’il en est, à mes amis, mais tenant tout de même montrer l’exemple à ce propos, je me lance... advienne que pourra... serai-je suivi, irai-je en solitaire...? nous verrons bien !
            Ainsi que vous avez pu le constater, sur ce site se trouve mes (lamentables) essais poétiques - qui n’ont aucune velléité d’aucun genre car s’agissant d’un pure hobbie graphomaniaque. Nous pouvons trouver aussi la liste de mes Opus.... oui, oui, mon truc c’est la musique. Peut être un jour aurai-je le courage de l’exposer ici, mais c’est une autre affaire.

            Pourquoi avoir choisi la musique comme moyen d’expression ? Je ne sais pas. En fait j’ai écrit parce qu’un jour j’ai surpris un ami fautant sur une page blanche, couverte de portées ; vivement impressionné, je lui fis part de mon admiration pour cette activité qui, à l’époque, me semblait si mystérieuse et invoquant en moi un mélange de respect et vénération.
            Il m’a dit que c’était facile, qu’il suffisait d’essayer. Je le pris au mot. Aujourd’hui mon ami à arrêté cette pratique du prisme créateur, et moi je suis toujours autant largué, car bien que ma vue s’affine, un arbre en cache hélas une forêt d’autres, avec des embûches, et des volées de bois verts...
            De l’essai scientifique pour vérifier la théorie de mon “ meneur spirituel ”, à la base stérile et surtout vouée à l’échec, je passai à une passion qui aujourd’hui dévore mon sommeil, ma santé du coup, et, parfois, ma sereine paix intérieure (ou plutôt ce qu’il en reste).
            Déjà, à l’époque, le monde des mots me semblait fade (prière de ne pas se vexer et se déconnecter flash-éclair s.v.p.) en ce sens que malgré leur puissance, leur palette si galvaudée me devenait insupportable. Les mots ne sont hélas pour moi que des moyens de communiquer en société (malgré mon goût pour la lecture) et non une fin en soi, ce qui me fait sentir infirme.

            Mes amis “ Erbefous ” sont parfois choqués de voir que je semble insensible a beaucoup de chose ; mais ce n’est pas cela : je ressens intensément, mais ne peut l’exprimer avec des mots car je me mettrais à trembler comme une feuille autant qu’un timide lors d’une déclaration (ce qui est mon cas d’ailleurs) et je ne peux le faire qu’en musique afin de rester crédible, évitant ainsi qu’il me soit demandé cyniquement  quel lien de parenté m’unit à Rain Man (Je sens déjà la voix d’Henrri : “ Alors on a les nerfs à fleur de peau... etc... etc... ”).
            Je ne vous sers pas du violon sanglotant de larmes fraîchement chaudes, factices, au gré d’un vent hypocritement commercial ; c’est là Vérité que tout ceci. Progressivement, je me suis habitué à cette tour d’ivoire “ semi-aphasique ” du sens profond du verbe humain pour vivre une sorte de “ logorrhée ” de mélodies, accords et rythmes me faisant gagné le royaume convoité des anges et des choses détachées (me rendant compte d’ailleurs qu’il s’agit là de ma quête personnelle entre autre), la diaphanie du vocable humain étant supplantée par les couleurs des sons de la Cité Céleste.
            Progressivement, la musique m’a permis d’échapper aussi à toutes mes angoisses, mes peurs, mes doutes et autres motifs d’insomnie ; ils sont atténues les rires stridents des diablotins déguisés avec des masques d’anges, ils s’envolent plus loin les magnifiques papillons qui, volants à tire d’aile, ont si peur de se poser qu’inconsciemment ils vont sur le lys d’à coté ne laissant que leurs impérissables souvenirs. Les biches curieuses filent sans comprendre où était le but de leurs approches, transit de la terreur de l’inconnu convoité. Ils sont brûlés aussi les tableaux des immondes Judas dont la vie regorge et qui nous rompent trop souvent la nuque.
            (il est douloureux de constater que ces métaphores non-limitatives, non-exaustives, sont valables dans tout les domaines de nos existences)
            Parfois quand la vie est injuste (souvent en fait), que le sommeil vous a quitté depuis des lustres, n’est-il pas mieux de composer quelques notes plutôt que de se tirer une balle en pensant à la journée, aux semaines, aux mois... AUX ANNNÉES écoulés dans la solitude, écrasés par les douloureuses et pénibles “ infos ” innombrables, ruisselants de, et, sur nos vies. La démence peut faire perdre le contrôle de soi lorsque la parole, de surcroît, nous est indélicatement ôtée...
            Trop souvent ma musique est triste, tout comme moi. Elle est en quête de l’air supérieur que Baudelaire chante au début de ses fleurs du mal. L’absolu divin, sentimental, l’absolu métaphysique essenciel, supra terrestre. Plombée, elle retombe de plus belle de s’être crue détachée...
            Malgré cela, mon dégoût parfois fort prononcé du monde me pousse à poursuivre des buts dénonciateurs. Quelques projets d’oratorio (pour dans 30 ans... et oui...) figurent sur mon petit carnet noir, dont menschen leben qui offrira le spectacle désolé de la solitude qui nous est offerte dans la société si sourde parfois si volontairement, le sens de la Vie donc de la Mort et la compréhension de l’union mystique de ces deux moments inéluctables et naturels de la vie, et aussi Shaoh.
L’explication de ce dernier thème est claire ; la volonté : faire en sorte de participer à ce que jamais ne soit oubliée l’abomination de la Nature profonde de l’Homme et provoquer aussi de violentes nausées intérieures pour ceux qui pourront tout suivre de ce spectacle car il ne faut pas sortir indemne de l’observation de ce phénomène, chose que je remarque avec mépris depuis longtemps et pour de nombreuses choses en dehors de ce sujet... Mais comment peut-on être indifférent à tout...?

                Mon autre souci : la Quête de Dieu et la louange philosophique de la transcendance qui en résulte.
            Après des années de négations et de recherches, réflexions, lectures dans bien des religions, mon choix s’est finalement fait, car pour moi, il est évident qu’un hasard scientifique si intense qu’est la création de notre monde et ses divers processus ordonnés comme par miracle sont pensés, en tout cas cela ne regarde que moi. Ainsi, la louange à ce Créateur qui laissa Adam et Eve avec leur descendance si libre me semble importante. Je Lui signifie mon regret le plus immense de voir Son monde en proie à une bestiale sécheresse, un manque de fraternité patent et infirme de lucidité.
            C’est par cette louange, ces réflexions successives, renonciations forcées, ces dénonciations de drames intérieurs et extérieurs que je recherche la perfection perdue, Edénique, oubliée par l’Histoire dans laquelle je plonge les racines de ma conscience pour éviter de ne sombrer plus vite le frêle esquif de ma vie dans la folie qui environnante, folie d’un monde qui se sclérose, perdant la communication et la spontanéité par abus de ses moyens pour tout.
            De là naît ma volonté de “ melting-pot ” stylistique, de mélange des éléments culturels que je veux intégrer et repasser par le crible de mon souvenir, la synthèse de ce passé culturel terrien ramenant à l’état de l’originel immaculé et défunt, espérant ainsi retenir les éléments principaux dans le filtre de mon art, en quasi alchimiste et envisageant une régression d’un sens, et un progrès humaniste d’un autre. J’espère ainsi dépasser les séparations raciales, ethniques, personnels, toutes les ségrégations sociales, les incompréhensions, qui détruisent les tissus de notre monde qui cherche désespérément son unité.

            Voici, il me semble, une première description de la fonction de l’art :

"... Une littérature qui ne joue pas son rôle d'oxygène pour la société contemporaine, qui n'ose pas transmettre sa douleur et son inquiétude à la société, la prévenir en temps utile des dangers moraux et sociaux qui la menace, ne mérite pas le nom de littérature, mais seulement de cosmétique...".

            En partant de cette parole de Soljénitsyne, je me demande si cela ne doit réellement se cantonner qu’à la littérature.

            La place de la musique (au sens non-commercial, exit toutes les soupes et autres imondices qui nous sont hélas trop souvent servies) dans la société est tout aussi problématique.
La musique faussement appelée classique (ou contemporaine en ce qui me concerne) n’est plus favorisée par quelques structures éducatives de grande échelle de manière réelle.
Alors, en priant pour que mon art ne soit pas le seul mais aussi dernier de l’Histoire à étudier son passé stylistique, et pour qu’il ne soit pas englouti par la bêtise d’une Humanité de plus en plus stérile par manipulations du type panem et circences, je me demande souvent pourquoi continuer à écrire dans de telles conditions malgré le fait que nous autres compositeurs ne sommes pas gâtés ?
Pour espérer tout de même être compris, en faisant pour certains la démarche de ne plus écrire pour eux même mais aussi pour un auditoire large (sans pour autant tomber dans le pâle flatte-oreille).
Pour ne pas oublier qu’un message, ou un sens inconscient, est le but suprême de toutes musiques car écrite par des humains non des machines et qu’une seule personne l’ayant compris n’est qu’un début.
Pour ne pas s’emmurer, et pouvoir communiquer tout ce qui n’est pas possible au premier abord.
Pour dire qu’on aime certaines personnes, parfois...
Pour vivre...
Et que ne sais-je encore...
Les mots me manquent...
 

Les 15 et 16 Juin 2003,

A Bierville.

 

LES FOLLES AVENTURES D'ERBEFOLE EN SUISSE ET AILLEURS

(ou : tour du monde ; ou : la mondialisation vue par ERBEFOLE; ou : bon sang où faut-il pas aller pour le boulot, les vacances, l'inspiration ; ou : journal par ces merveilleux voyages ; ou : je ne savais pas quoi dire sur ERBEFOLE pour mon article.)


ERBEFOLE bouge, ERBEFOLE se balade, ERBEFOLE regarde. Et je ne sais qu'en penser.

En Jordanie, j'ai clamé dans le désert et face à des colonnes. A Pétra, je suis resté dans les cimes rouges, à la nuit tombante, spectateur obstiné du crépuscule d'une civilisation.

En Grèce, Romaric Bardet a vu des temples (heureusement) et a capturé l'image de colonnes hasardeuses.

En Egypte, Aurélien Bédéneau s'est découvert un profil égyptien.

En Sicile, je me suis rappelé à Palerme le passé des conquérants normands (ce n'était pas un roman de Malraux), et mes cheveux roux m'ont valu l'imprévue amitié des commerçants du marché d'un quartier aux palais ruinés.

En Italie, à Rome, j'ai demandé une audience pontificale (si, si). A chaque retour dans la ville, à quelques années de distance, je tiens à escalader la coupole de Michel-Ange. Chacun ses montagnes.

En France, à Veules-les-Roses, Joseph, Aurélien et moi avons pris des photos pseudo-romantiques de l'artiste seul face à la mer immense.

Aux Etats-Unis d'Amérique, à Los Angeles, la musique d'Alex a été jouée. Le compositeur n'était pas là. Mais, à la même heure, il a eu une pensée hollywoodienne.

En Roumanie, Ilya Borodino a tabassé les invités d'un mariage dégénéré en beuverie ; il m'a même foutu son poing dans la gueule, avant de comprendre que je n'étais pas roumain puisque je jurais en français et en allemand (bon moyen de faire connaissance, pour un français et un russe qui passaient par là.).

En Inde, je n'ai pas terrassé un éléphant (faut pas rêver), mais par esprit religieux, je me suis couvert d'une veste au Taj Mahal ; et dans chaque temple on m'a encouragé à serrer les mains de dieux qui en avaient beaucoup (de mains).

En Pologne, Henrri a retrouvé sa famille, mais il ne s'est pas posé de questions face aux monuments staliniens, puisqu'il parlait esperanto. (Lui, pas les monuments soviétiques.)

En Allemagne, on a voulu m'enfermer dans la basilique d'Aix-la-Chapelle : un moment je me suis vu dans Hernani, avec Charles Quint qui casse les oreilles à Charlemagne en racontant des n'importe quoi glorieux sur son tombeau, sans se douter qu'on veut le trucider. (Charles Quint, pas moi.)

Au Japon, Ayumi Sawada.non je ne vais pas raconter ce qu'elle m'a dit (eh, oh le secret défense !)
En Hollande, à Amsterdam, je me souviens avoir visité le Riijksmuseum en ayant trop bu (je dis bu, puisque je suis un puritain genre hollandais du XVIIème siècle et donc qui ne tient pas à fumer des herbes bizarres, je précise.) En tout cas, j'ai été traumatisé de tant de tableaux de paysages.
Il y en avait même avec des vaches qui pissent (vous vérifierez sur place).

En Belgique, au couronnement du roi Albert II, je n'ai pas pu m'empêcher de chanter « Ah ça ira, ah ça ira ! ». On m'a fichu à la porte de la cathédrale. Aucun humour, ces belges. Ils devraient faire la Révolution, histoire de chanter des trucs gais.

Au Mexique, j'ai eu le mauvais goût d'assister à la Révolution du Chiapas, à part les villages incendiés et les militaires cassant les appareils photo, c'était plein de gens sympathiques qui devaient avoir très chaud sous leurs cagoules.

Au Canada, que voulez-vous que je fisse ? J'ai eu froid, et j'ai appris à parler français avec des mots étranges. Tabernacle, ce qu'on se gelait en ce beau pays, et ce n'est pas le sirop d'érable qu'on s'envoyait dans la gueule qui pouvait y changer quelque chose !

En Angleterre, j'ai de bons souvenirs et depuis des années, je m'acharne à persuader Henrri et Alex d'y aller. Parce que : la musique, le thé, courir après des moutons dans le Norfolk, les meurtres dans un jardin flegmatique.
L'imagination aime le second degré britannique, donc de temps en temps (quand l'argent répond présent) il faut envahir l'Angleterre (un peu mieux que Napoléon).

Au Sénégal, Clément Lemoine ne s'est pas fait gourou ni marabout. Il a préféré photographier les chèvres. Comme ceci il a trouvé la révélation poétique : « la pluie tombe et la boue pousse ».

En France, à Strasbourg, Antoine Desbouys est venu, a aidé, est reparti (veni vidi vici). A ce même festival des Arts et Langues organisé par Henrri, Gaël Boulard a appris à maquiller et à se maquiller. Moi, j'ai préféré aller escalader la cathédrale.

En Espagne, à Figueroa, au musée Dali, j'ai eu une crise d'identité surréaliste : dommage qu'Henrri n'ait pas été là, il aurait compris pourquoi les cadavres exquis me posaient désormais problème. Sinon, à Séville, Cordoue, Grenade, j'ai ramené des motifs décoratifs pour ERBEFOLE, mais pour le flamenco, il faudra revenir.

En Espagne encore, Ayumi Sawada a vécu une année, à Madrid. Cela nous a valu la belle traduction hispanique du manifeste. Par ailleurs, elle a dû apprendre à prononcer les films anglais avec l'accent castillan.

Au Maroc, je n'ai pas pensé à  ERBEFOLE. Je me suis senti plus respectueux des mosquées, où j'ai trouvé une rare sérénité.

En Turquie, à Istanbul, j'ai dessiné des coupoles, je ne voyais que la Chute de l'Empire Byzantin, en technicolor et scope (ô 1453 !), mais comment le dire aux Erbefeus qui n'aiment pas l'Amérique.

En Thaïlande, j'ai eu honte de pouvoir acheter un billet d'avion, lorsque je vois les enfoirés d'occidentaux qui viennent défouler leur pédophilie. A part ça, mon avion de retour s'est mis à brûler : pendant six heures de suite, on a tourné au dessus de Bangkok, l'équipage essayant désespérément d'éteindre l'incendie dans les soutes. Pendant six heures, je me suis dit que c'était la fin, et j'ai donc écouté sans arrêt du Beethoven. Mis à part Beethoven, j'ai les sensations nécessaires pour tourner un film catastrophe.

Aux Etats-Unis, je suis rentré une fois avec un passeport non valide. Les autres fois, je me suis arrangé pour être tout de même en règle.
Au Texas, je n'ai pas acheté d'arme.
A Hollywood, je n'ai pas eu d'idée hollywoodienne.
A Washington, j'ai pour une fois détesté les colonnades.
A New York, j'ai résidé entre deux tours. A mon second séjour new-yorkais, il m'a fallu déménager. C'était un hiver triste, celui de 2001. New York m'a obligé à écrire. Antoine Desbouys, au téléphone, s'est demandé ce que j'avais écrit.
Dans les déserts de l'Utah, du Nevada, j'ai marché, marché : ces souvenirs me touchent encore de leur horizon.

En France, à Avignon, Clément Lemoine a failli être étranglé par une baguette. La guerre a été absolument épique. Malheureux que je ne sois pas ministre pour décorer Clément d'une médaille pour l'honneur.

En France, à Lyon, Antoine Desbouys et moi sommes restés très perplexes devant des tableaux d'Histoire du XIXème siècle. Après nous avons joué à nous massacrer mutuellement en vaines discussions philosophiques. C'était hilarant.

En France, à Paris, le 31 décembre 1999, Joseph CKL, Jérôme Chauvin, Aurélien Bédéneau, Gaël Boulard et toute une autre troupe de joyeux lurons (y compris de joyeuses américaines) sont venus : ils ont réussi à envahir mon appartement, mais je dois avouer que ce soir nous avions une sérieuse concurrence si nous voulions envahir Paris.

En France, à Lille, Ilya Borodino a débarqué : nous avons écrit dans une église. Depuis, à chaque passage à Lille, je vais dans cette église lui passer le bonjour de ma Cassandre ainsi que les amitiés de Lénine.

En Bretagne, nous sommes allés plusieurs fois : les barbares normands et français (ou bretons) envahissent le très autochtone Henrri : Joseph, Eric L., Mélaine Desnos, Aurélien, Gaël, Jérome, moi : tous nous avons successivement envahi la plage avec une digne voiture de combat, une caméra, un landau et un cerf-volant.

ENFIN, en Suisse, à Lausanne, nous sommes venus et eut lieu la signature d'un serment historique entre les helvètes Jeanne Durussel et Laurent Burgbacher et les français Henrri de Sabates et Fabien Bellat. Ce traité exceptionnel visait ni plus ni moins à tourner un film, traumatiser les gentils habitants de Lausanne et dévaliser toutes les banques ouvertes le week-end.
Si vous voulez des nouvelles du butin, vous pouvez toujours courir : nous avons partagé le chèque et les douaniers à la frontière, malgré une fouille très suivie, n'ont pas trouvé nos 127 lingots d'or (pourtant, ce qu'elle était lourde, la voiture). Leurs chiens de montagne ont vraiment mauvais odorat.

Conclusion : bon, voilà. Vous êtes contents, vous l'avez eu votre tour du monde ? Mais je signale tout de même que j'ai été obligé d'un peu beaucoup parler de moi. Aussi, histoire de compléter collectivement le bilan, je suggère à haute voix que ERBEFOLE se BOUGE ! Je ne demande pas le Pérou ni la Chine, je conseille plutôt un petit tour en Belgique, en Angleterre : nos finances estudiantines peuvent nous permettre cela -et cela nous rappellera que nous avons encore des jambes pour varier D'ATMOSPHERE.

F.B., 5 décembre 2002.

 

Erbefole et saint Jean.



                     « Vous scrutez les Ecritures
                       parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle,
                       et ce sont elles qui me rendent témoignage.»

                                                (Evangile de) Jean,V,39.



                        Lugdunum est aujourd'hui Lyon. Un jour, la ville nous accueillit pour une réunion. Nous sommes venus de France et Suisse, dans la paix de l'esprit : Antoine Desbouys, lyonnais, nous reçut, Laurent Burgbacher a fait le voyage depuis Lausanne, comme Henrri de Sabates et son frère Raphaël Erhard, arrivant de Genève. De Paris Clément Lemoine et moi-même, nous nous joîgnimes à l'exode vers le lieu de réunion.
     Face au sanctuaire de saint Jean, qu'a fait Erbefole ? Erbefole n'a pas prêché. Erbefole n'a pas expié son irrépressible décalage devant la réalité moderne.
Erbefole a surtout communié dans les retrouvailles souvent remises du fait de la contrainte géographique. Concrètement, la réunion lyonnaise a été un échange de paroles. La question du montage définitif du film Lausanne, l'oseille et la vie  fut discutée ainsi que celle de la musique.
En outre, Erbefole a récidivé avec sa vieille et prophétique idée du boycott des toilettes publiques.
En vérité je vous le dis, cela fut un grand moment que celui où les disciples apposent leur signature après celle du maître Henrri.
Du haut de la colline de Fourvières, près de l'ombre des croix basilicales, Erbefole contempla le spectacle vain d'une ville prise dans les bruits de ce monde.
Les toilettes du pèlerin étaient bien entretenues.
Ainsi nous ne quittâmes pas la vénérable colline pleine du souvenir des martyrs anonymes.
Dans le temple nous constatâmes avec une juste désapprobation la débauche de granits et marbres précieux. Face à l'orgueil des pharisiens nous ne pouvions qu'être spectateurs, petite collectivité hors des églogues envahies par la pompe dévaluée, six silhouettes rassemblées par la seule fraternité.

                                                              Fabien BELLAT(ORES).
                                                               Lyon, 27 février 2003

 


                                 Lettre de Berlin.


Chers Erbefeus,

           Bien que séjournant souvent où me porte le travail, il n'est pas dans mon habitude de vous écrire à ce moment. Pour certains d'entre vous, vous saviez que j'allais à Berlin pour mes recherches historiographiques. Car vous connaissez tous ma fixation de la mobilité.
         Et bien cette mobilité s'avère aujourd'hui marquante : Berlin m'a paru la ville d'un vaste potentiel humain et créatif à explorer ; l'endroit porte assez de possibilités et de mystères pour qu'on puisse envisager d'y créer.
         Pour ma part j'ai finalement rédigé la plus grande partie de mon Eloge de l'art propagande à Berlin. Vous me direz : tu emportes régulièrement des manuscrits, peu importe le lieu d'écriture.
Mais Berlin me parait plus qu'un lieu d'écriture ; après la réunification de 1989 la ville est devenue l'expression vivante d'un centre humain essayant de se reconstituer. Donc se crée une ambiance particulière, entre images passées et imagination d'un autre milieu. Aussi ai-je trouvé l'endroit fascinant, propice à l'investigation du regard collectif.
      Pour le plaisir de la musique, je suis allé au Berliner Philharmoniker (j'ai jonglé pour une place soldée), salle magnifique où j'ai pu écouter la VII° symphonie de l'ami Chostakovitch. Face à la déferlante accoustique, ce n'est pas la grandeur qui m'a impressionné. J'ai pleuré au crescendo -je n'aurais jamais cru que ce morceau puisse créer une telle émotion.
J'aurai aimé qu'Alex soit là : cette musique aurait dû être partagée.
Quelque part, il est plutôt comique d'entendre en Allemagne une symphonie d'abord dirigée contre les armées de la puanteur nazie. A de nombreuses reprises Berlin se révéla  ainsi une place avec le paradoxe installé à l'état naturel. Antoine Kasperczyk - parfois nous avons parlé de Berlin ces dernières années - verra sans doute ce que je veux dire.
     La ville se partage entre ruines plus ou moins déclarées (comme Palerme, Sicile aussi chère à mon cour) et enthousiasme forcé de la reconstruction.
Berlin est une des cités où la marque de l'Histoire reste encore vivante.
De là, je pense que nous devrions y penser en vue d'un futur projet commun.
     Des décors tels le quartier de Prenzlauer Allee dans l'ex Berlin-Est, le mémorial soviétique de Treptow avec son emphase solitaire ou le vertige
bétonisateur de Postdamer Platz. pourraient construire des images frappantes, dans une beauté insaisissable. 
          Etant donné l'état catastrophique du cinéma allemand (n'ayons pas d'illusion pieuse : le temps des Murnau, Fritz Lang, Fassbinder. est loin, hélas.), des choses sont à faire - il faut s'emparer des décors berlinois.
Comme le cycle des VIII films parait déjà assez déterminé (mais une association Jérôme Chauvin--Antoine Kasperczyk serait-elle possible ?), je crois qu'il faudra envisager cela pour d'autres projets.
Il me semble cependant nécessaire d'y penser. Trouver de nouveaux points de chute (d'autres diraient d'atterrissage) peut devenir une bonne chose dans le renouvellement des regards créatifs. Je sais que pour Henrri et moi (bien que j'aie déjà connu Lausanne avant) l'expérience suisse a été un adjuvant puissant dans la construction de notre film.
     Berlin abrite des atmosphères attachantes (nouvelle parenthèse : je garde un souvenir amusé d'une charmante française rencontrée lors d'une marche sur les eaux gelées du lac de Charlottenburg.) dans une réalité spéciale, non sans parfum d'absurde persistant depuis l'apocalypse de 1945.
Pensons-y. Sachons nous ouvrir à de nouvelles rencontres, quelle que soit la langue du pays.
Berlin est un de ces lieux vers lesquels la curiosité peut trouver port d'attache.
       Je le répète, je sens dans Berlin un lieu à investir. Notre regard saura s'y épanouir.

                                                                                Fabien BELLAT.
                                                                          BERLIN, 20 février 2003.



Lettre de Moscou.

 

 

                        Chers Erbefeus,

 

                         J’ai rayé ma première lettre : elle n’arrivait pas à évoquer la Russie.

Rencontrer ce pays devient un sacré choc, entre les lieux mythiques et la générosité unique du peuple russe. Déjà Ilya me l’avait dit ; l’hospitalité russe n’est pas un vain mot. Aussi dis-je : chapeau bas la Russie !

Surtout j’ai l’impression de marcher dans les ruines, en l’an 500, de l’Empire Romain ; les monuments impériaux sont encore là mais l’Empire a disparu.

Le règne soviétique évanoui laisse un indicible murmure courant entre les obélisques marqués de la faucille et du marteau, sous les somptueux plafonds de soviétiques Véronèses et Tiepolos — murmure insidieux à votre oreille, alors que l’on descend par les escalators dans les infernales profondeurs du métro tout d’emphase baroquisante.

          Surtout, le rendez-vous russe me marque ; sur une terrasse vide d’un buffet, j’étais sous le seul parasol, un vieil homme avec ses médailles de Lénine et du Drapeau Rouge me lorgne avec envie, je l’invite à s’asseoir, il se déride, me souhaitant bon appétit, puis à ma requête accepte de me parler de la Grande Guerre Patriotique —  je parlais en russe il n’a pas compris aussitôt ma nationalité française ! Attentif je l’écoutais, saississant quelques phrases, lui me prenant pour un jeune patriote…Cocasse.

Ou encore ce si jeune financier, tellement fier de sa première mission au sein de son entreprise, me demandant, radieux, de le photographier (costume européen, attaché-case en panoplie) devant un anonyme hôtel (dont la laideur m’horrifiait, rien à faire il voulait sa photo devant ce truc) post-soviétique de la Kievskaya.

Le mieux est cette soirée au sauna-banya (pourquoi pas se russifier jusque dans les gestes

 ordinaires ?) où, croyez-le ou non, j’ai fait une partie de billard à poil (presque), entre deux séances d’étouffoir à la vapeur. Situation inhabituelle, avec les vapeurs d’eucalyptus et les cabines aux pierres incandescentes.

          Peut-être ignorez-vous l’importance du théâtre à Moscou ; outre Tchekov, Pouchkine, Ostrovski et caetera, les théâtres éparpillés dans la ville s’avère légion ( à côté Paris est absolument minable). Nous qui songeons actuellement à nous rapprocher de l’art scénique —Henrri, je pense à ton projet de lecture à Caen — Moscou me rappelle combien cet art doit rester vivant. Ne serait-il pas formidable qu’un jour nous voyagions ensemble à Moscou et y donnions un de nos essais dramaturgiques ?

          Maintenant je vois les tours du Kremlin, les étoiles écarlates sur la couronne stalinienne de gratte-ciels. Avant-hier j’ai contemplée la Place Rouge vidée par la police-militsiya. Où que j’erre dans Moscou, je me sens en famille. Cela près de la populeuse gare de Kazan, même au ministère colossal place de Smolensk, partout dans le métro aux marbres et mosaïques épiques, arborant tant de faisceaux de mitrailleuses avec le drapeau pourpre de l’Empire…

En famille, je vous dis. Au Musée d’Architecture Chtchoussev j’ai pu travailler dans les réserves en toute complicité avec le personnel d’une extraordinaire amabilité ; j’ai même réussi à faire mon trou dans le très particulier RGALI ( Rossiski Gosoudarstveni Archiv Lierratouri i Iskousstva — Archives d’Etat Russes pour la Littérature et les Arts).

 Ceci ne concerne peut-être que moi comme impression, pourtant la Russie semble plus qu’un rêve : elle est la réalité d’un peuple connaissant de multiples épreuves, et cependant toujours vaillant, drôle, généreux.

        Un tel esprit dans la vie, selon moi, devrait nous inspirer en art. (Impossible de conclure autrement ; un jour nous devrions nous souvenir de Moscou et la Russie comme lieu de partage amical et créatif.)

 

                                                                                         Priviot,

     

                                                                                  Fabien BELLAT.

                                                                              Mockba, 3 juillet 2003.

 

PS : au retour vous verrez mon apparence russe, puisque j’ai cassé mes lunettes. Au lieu d’un nez j’ai perdu des verres, aussi ai-je dû jouer Gogol chez l’ophtalmo… Pas triste la fabrication optique, là j’ai apprécié parler un peu russe… L’incident me fait penser à ce voyage dont Alex et moi rêvons depuis longtemps : le Transsibérien. Désormais, avec une connaissance pratique de la langue, nous pourrions aller partout.

 

 

Du Haut des tours dans la mer


                            Les cieux sont bleus. Autour, la vase cerne la montagne. En diadème religieux, l'abbaye couronne le Mont. Une éclatante lumière nimbe les tours grises graniteuses de reflets dorés.
Au sommet l'ange brandit, immortel, son épée.
Dominant la flèche la statue éblouissante de soleil répercuté, ce simulacre angélique ultime rempart des pèlerinages contre l'avancée des marécages salés. Le Mont-Saint-Michel est et restera notre Merveille, pyramide médiévale toujours vaillante depuis tant de tempêtes séculaires.
Enfant, la vision de cette étrange colline d'architectures surgies des flots m'impressionna durablement. Une décade plus tard, je retrouve le Mont et - malgré l'invasion touristique -retrouve la même sensation, un choc identique de recueillement face à l'église perchée.
Ce lieu contient à jamais pouvoir de fascination. Pour cela, je prévoyais d'y situer un passage-clé de mon roman ; désormais mes souvenirs parés d'une seconde jeunesse, de l'acuité d'une seconde confrontation - maintenant je peux écrire.
Le Mont-Saint-Michel ne sombrera pas.
Aucune écluse fatale comme celle de la ville d'Ys* ne viendra l'engloutir. Notre pyramide médiévale règne, insubmersible.
Aussi la gigantesque entreprise de désenclaver le joyau est-elle notre unique opportunité contemporaine d'un chantier merveilleux. Nous aussi pouvons réédifier le superbe.
Nature et interventions humaine ont perverti l'environnement du Mont. Parce que nous construisîmes autrefois des cathédrales, aujourd'hui nous pouvons redonner sa splendeur à la plus fantasmagorique d'entre elles.
Ouvre titanesque. La vase se retirera.
Et les tours dans la mer revivront, subjuguant l'onde avide.
Ceci semble un songe. Pourtant, quoi de plus naturel que de réaliser un songe pour sauver un autre, féerique songe ? J'aime cet espoir ; il me parait d'un héroïsme égal à celui qui porta des moines à consacrer à (la plus grande gloire) Dieu le sanctuaire d'un site si incroyable.
Seuls ceux capables d'apprécier un tel geste peuvent ressentir le défi de tout acte artistique grand.
Nous ne sommes pas les héritiers des constructeurs du Mont-Saint-Michel. Mais peut-être serons-nous dignes d'en tracer une nouvelle vision sublime.

                                                                                            Fabien BELLAT.
                                                                                 Mont-Saint-Michel, 16 avril 2003.

 

 

 

PASSAGE à LONDRES.


C'est bien connu : les humains aiment aller brouter dans le pré d'à côté.
Cela a été le cas de Fabien Bellat, Ilya Borodino, Nadège Dolet (la compagne d'Ilya).
Profitant de quelques jours de congés que lui accordait le Musée du Louvre (employeur occasionnel dudit), Fabien s'est dit qu'un jour de l'an à Londres serait sympathique, surtout entre amis.
Ilya et Nadège acceptèrent la propsition, histoire d'envahir la perfide Albion, histoire de chanter God save the queen sur Piccadilly Circus.
En quoi ce tourisme concerne ERBEFOLE ?
C'est que Fabien et Ilya se sont également dits qu'ils pourraient terminer leur projet commun, Budapest 1956 , à Londres.
Ce livret d'opéra, objet d'une coécriture suivie à plusieurs points de vue (écriture entre Paris et Orléans ; sujet à l'initiative de Fabien et association d'écriture avec Ilya) a vu son manuscrit traverser la Manche sur un ferry vide et débarquer à Londres en attente des fanfares de 2003.
La nuit du 31 décembre 2002, le trio Nadège-Ilya-Fabien s'est retrouvé à Tafalgar square, s'est joué du cordon de sécurité, s'est moqué du Nelson minuscule sur sa colonne.
Il parait qu'Ilya et Fabien ont fait fi du maintien aristocratique : ils ont escaladé le socle du monument, arrivant au pied de la colonne afin d'obtenir une vue impériale (Nadège resta en bas, désapprobatrice envers ces irrespectueux du Commonwealth).
Sur les blocs de granite, ils n'ont pas disserté à propos des débris de l'empire britannique, ils ont senti la difficulté de conquérir le socle d'un monument pompier.
Là, malgré le froid mordant, ils ont repris le brouillon des dernières pages et achevé la scène ultime de Budapest 1956.
Ainsi, le souvenir d'une insurrection hongroise réprimée dans le sang.a été consacré auprès du mémorial de Trafalgar, britannique bataille navale.
 

 


Une visite en Normandie


Une certaine distance géographique existe entre les membres d'ERBEFOLE. Ce week-end, alors que mon amie ne pouvait revenir à Orléans (où je vis), je n'eus pas envie de rester seul, il me fallait la présence de caramades et de loisirs.
Ayant contacté auparavant Fabien, il m'avait prévenu qu'il ne serait pas à Paris mais en Normadie, ayant un travail à réaliser avec Alex. Orléans et Rouen sont deux villes assez faciles à joindre en voiture. Aussi le samedi en fin d'après-midi, je pus rejoindre d'abord la maison d'Alex à Bierville. Là, dans ce bocage normand assez retiré, je pus voir les deux compères s'escrimer autour d'un piano et d'une caméra : le compositeur harcèle le clavier, l'écrivain donne sa vision imagée.
Je reste en retrait. C'est une règle de conduite ; on finit le travail puis on se retrouve. Lorsque le clavier se referme on pousse tous un soupir de soulagement. On y est arrivés. Maintenant on peux passer à autre chose. Dehors le soleil est généreux. Un peu d'air ne nous fait pas de mal.

Le lendemain, Fabien est quelque peu gêné. Suite à plusieurs impératifs il regrette de ne pouvoir m'offrir la meilleure hospitalité. Il est vrai que nous nous voyons rarement. Je dois donc me douter qu'il réserve une surprise.
Cette fois-ci c'est lui qui conduit. En premier lieu nous allons chez une de ses amies, dont le père est fermier. Moi, l'urbain typique, je n'ai guère l'habitude d'une cour de ferme, j'ai sûrement l'air déplacé dans la basse-cour, avec la volaille dans la boue. Fabien, lui, est parfaitement à l'aise. Je me rends compte que je connais surtout de lui l'apparence de l'intellectuel parisien. Je suis donc curieux de le voir en bottes, silouhette longiligne dans un long manteau de chasseur. Il ne lui manque plus que la carabine et le chien fidèle. Franchement j'ai l'air ridicule dans les bottes qu'il m'a prêté. Ensuite, comme je ne connais rien aux chevaux, la conversation m'échappe. Le fait que je soit d'origine russe ne suscite qu'une polie curiosité. Je préfère cela - souvent j'ai droit à des discours manquants de tact.
Les gens d'ici me jaugent sans aménité : comme à tout le monde, il me sert un de ces verres de calva... Bien que conduisant Fabien ne refuse pas celui qu'on lui sert : parce qu'il ne faut surtout pas dédaigner l'hospitalité d'un Normand sur sa terre (la vendetta existe aussi ici). Le plus drôle est qu'il s'efforce discrètement d'en boire le moins possible (il conduit peut-être vite mais avec prudence) tout en veillant que les maîtres de maison ne s'en aperçoivent pas. Ruse de Normand...
En sortant je me rends compte que ces petits verres m'ont abruti. Dans la voiture on éclate de rire. Fabien a l'habitude de cette coutume, seulement il a oublié de me prévenir.
C'est notre petite mésaventure. Ceci dit je ne sais toujours pas où il m'emmène.
Fabien est quelqu'un qui parle normalement voire beaucoup à l'occasion, mais là il a parfaitement su distraire mon attention.
A quoi joue-t-il ?
Je m'informe d'un petit récit que Fabien a achevé depuis peu, il me demande où en est ma dernière nouvelle. Bien sûr nous pensons aux autres membres d'ERBEFOLE, dont Sébastien que j'aurais pu croiser sur la route, puisqu'il se rendait en banlieue parisienne, pour quelque chose sur l'espéranto.
Par la fenêtre, je vois un paysage qui ne m'est guère familier.
Nous sommes près de Vascoeuil, dans ce bocage vallonné, aux collines couvertes de hêtres impressionants, vastes forêts qui semblent prêtes à étouffer des villages me paraissant aussi jolis que mélancoliques. La région est reculée. Elle sent un certain vide. L'endroit est interdit à ceux qui ne le connaissent pas. Fabien me l'indique en quelques mots. Lui aussi connaît une forme de sentiment lugubre face à ces clochers aigus, aggressifs au milieu de champs désertés.
Enfin nous arrivons à destination.
Le silence de Fabien a le don de m'inquiéter. Autant notre conversation est amicale, autant les pauses muettes deviennent propice à l'anxiété. Dans les silences de Fabien je sens remuer des pensées terribles.

Sur la pancarte à l'entrée du village je lis : Brémontier-Merval.
Les hautes toitures affirment clairement ce qu'on recherche. Un château.
Perché sur la colline le bâtiment a une masse inquiétante. Ce machin domine d'assez haut les masures des paysans. Au soleil voilé, avec une légère brume, le château apparait comme derrière un voile. Je trouve l'endroit sinistre. La vallée est belle mais elle sent trop une autre époque. Je pensais la France moderne, en vérité elle me semble parfois aussi archaïque que ma Russie.
Sans hésiter Fabien est rentré dans le parc. Peu rassuré, je le suis. Je crains de rencontrer un gardien qui nous chasserait du domaine - tels des serfs renvoyés par le seigneur.
Pourtant, de son allure martiale et plutôt aristocratique pour l'occasion, Fabien file tout droit vers le château, n'accordant pas la moindre attention aux communs et au verger. Rapidement il saisit mon angoisse, donc il me précise que c'est jour de brassage des pommes, que tout le village fait du cidre, comme le château est devenu un lycée agricole, nous sommes sûrs de croiser personne puisque tous sont autour du pressoir.
Quel diable d'homme ! Il a bien choisi son jour ! Moi qui croyais voir en lui uniquement un intellectuel...
N'empêche ce château me fait froid dans le dos. Il est trop seul. Il respire trop l'orgueil d'un hobereau qui a voulu étendre l'ombre de ses acérées toitures sur le village. Quoique le château soit du XVIIème siècle, il tient encore du féodal : l'allure, les hauts pavillons cernant le corps central, tout ressemble à des tours dominant le fief. Nota : ce genre de description, je l'emprunte tel quel à Fabien ; sinon je serais bien incapable de décrire un château français !
Fabien tourne autour, il observe, son regard se tait mais on le sens à l'affût. Il ne se laisse pas posséder par les détails. Il veut l'essentiel. Ce qu'il capte, c'est une atmosphère, avec le lieu il reconstruit l'Histoire.

Plus tard, après que nous ayons arpenté tout le domaine, Fabien me confie qu'il cherche des matériaux pour son roman. Evidemment il ne me dit pas par quel renseignement obscur il a trouvé ce château franchement difficile à rejoindre tant la région est isolée et manque de routes.
Dans la foulée il ajoute qu'il cherche encore où faire vivre l'un des personnages féminins de son livre. Peut-être Merval conviendrait.
Suffisamment éloquent, orgueilleux, dans un paysage dont la beauté peut rapidement dévier vers le lugubre, avec un temps mélancolique.
Bon sang, à quoi donc ressemblera ce mystérieux roman ?
Ce roman pour lequel on l'a vu se déplacer partout en Europe, chercher des documents visuels incroyable. Je sais que quelques rares scènes se passent en Normandie. D'où cette excursion devant le château de Merval, alors qu'il a déjà retenu d'autres châteaux.
Il paraît qu'il utilise ces lieux comme de points de rebondissement narratif. Une scène tient à un certain esprit du lieu. Le placement de la scène obéit à une composition destinée à un certain état d'esprit. Pourquoi des endroits pareils ? Chez Fabien le poids de l'Histoire ne devient pas un souvenir pénible mais se mue en ressort humain, narratif.
Un lieu où s'exprime l'Histoire n'est qu'un prétexte. Il est un carnaval en soi.
Je sais qu'avec ce château il se mettra à construire quelque chose de désincarné, d'inquiétant. Je le comprends : il faut dire que Merval se prête à ce genre de comédie funèbre.
D'autant que nous ne croisons vraiment personne. A croire que le château lui-même est un spectre. Avec le froid d'hiver, j'ai plutôt envie de partir. Mais Fabien me dit enfin ce qu'il veut faire de Merval, à ce moment j'oublie ce qui nous entoure, je ne peux qu'écouter, fasciné. En quelque sorte je croyais le connaître. Faux. Il porte tout un univers avec lui. J'ai l'impression d'entendre des cloches, tout un carillon dans la neige, un peuple entier défilant devant les murs altiers, avec l'angoisse de ce qui s'y cache*. Oui, de cela peut naître quelque chose de grand. Je le sens. Il a l'art de la promesse réalisée.

Ilya Vassilievitch BORODINO
Merval, 20 octobre 2002

* P.S : En relisant mes notes d'impression du moment, j'ai plutôt réécrit un souvenir du film d'Eisenstein, Ivan le Terrible, mais il est évident quant au projet de passage à Merval que Fabien m'a parlé de tout autre chose. Pour des raisons évidentes de discrétion, je ne redis pas ses propos. Non qu'il me l'ait interdit (pour lui, que j'écrive ou non sur cette rencontre est mon affaire, qui ne le regarde pas) mais tout projet d'ampleur doit appartenir à son auteur, jusqu'à ce qu'il le révèle lui-même.

 

 

 

 

 

 Réunion du 1-3 novembre 2002 à Paris

Laissons tomber à présent les prises de têtes, il y a tellement d'autres choses bien plus passionnantes dans la vie sur lesquelles dépenser son temps et son énergie, telles que le sport, l'art, la création de toute sorte............. etcetera ;-)

J'en profite pour renchérir sur le mail de Henrri rappelant le projet des 8 petits films d'ERBEFOLE afin de confirmer officiellement que lui et moi réservons à présent le "E" du milieu pour le court métrage que nous réaliserons en commun, selon les termes dons nous avons dernièrement discuté en privé.

Voilà, c'est tout !!
Bye all,

SHINGOKI
St-Martin-de-Boscherville, 11 avril 2002

Chers Erbefoliens,

depuis quelques mois déjà, j'écris un recueil de nouvelles parodiques.
Pour le moment, je ne dis pas le sujet, par plaisir de surprendre. Si je vous en parle, c'est qu'en fait je vous demanderai une modeste participation à la préface d'esprit potache...
Tous ceux qui ont le sens de l'humour, de l'amitié et de l'échange sont cordialement invités à inscrire leur petit mot. Quant aux autres, ceux qui
refusent la conversation, ils ne pourront me découvrir autrement. Ne vous privez pas de ce petit plaisir. Ces nouvelles seront un autre versant d'Erbefole. Un versant que je vous annonce dévastateur. Venez le partager avec moi. Je vous promets de la potacherie, du rire sans précaution, libre.

A bientôt,

Fabien Bellat,
Sables d'Or, 10 mars 2002

Réunion du 6-7 octobre 2001 à Paris

Réunion du 6-7 octobre 2001 à Paris

Réunion du 6-7 octobre 2001 à Paris
 

 Contacter ERBEFOLE

Réunion du 6-7 octobre 2001 à Paris

Rencontre du 6-8 avril 2001 à Sables-d'Or

Rencontre du 6-8 avril 2001 à Sables-d'Or

 

>Fabien est amoureux
>
Son état de santé m'inquiète...
>Appellez-le.
>Henrri

Halte au controle de la vie personelle et sentimentale (sentimentalo-
sexuelle, eut dit Henrri il y a quelques années) des erbefous par
les herbefous... L'erbefolie doit être une terre libre et liberée de
toute oppression dictatoriale. Laissez les (nous) vivre, aimer, tuer
et ecrire en paix !

Gaël
Rouen, 12 novembre 2001

PS : Elle est jolie, au moins ?

 

Tournage de ''l'Arpenteur''

Salut les expérimentalistes, j'envoie deux recueil de poèmes
achevés (ils sont numéroté 2 et 3) et un recueil en cours
d'écriture (le mur de la honte), afin que tous soient
consultables du site; je ne souhaite pas
communiquer mon tout premier recueil trop acnéique à mon
gout....

au fait, est-ce que Fabien t'a parlé de
l'ErBeFoLe? a bientot j'espére,

Axel de Saint-Fonnare
Bierville, 18 août 2001

Tournage de ''l'Arpenteur''

 

Tournage de ''l'Arpenteur''

Sortie à la Comédie Française (30 janvier 2002)

Sortie à la Comédie Française (30 janvier 2002) 

 

Salut à tous ! (N.B : Henrri écrit, sous la dictée de Fabien)

Jérôme, Fabien et moi-même organisons une rencontre amicale de tout le
groupe le week-end du 6 & 7 octobre prochain à Paris (chez Fabien).
Y'a longtemps qu'on s'est pô vu, saisissons l'occasion (et le taureau par
les cornes ;-)) !
On parlera un peu du projet "maison du bonheur", où chacun fera un petit
dessin de sa maison idéale.
A vous tous. Et notez bien sur vos agendas !
Veuillez confirmer le plus tôt possible si vous pourrez participer.

Henrri & Fab
Paris, 22 septembre 2001

P.S : J'viens de faire un p'tit briefing à Fabien sur les smileys ;-D !

 Sortie à la Comédie Française (30 janvier 2002)

 Contacter ERBEFOLE

Salut les gars !

Bon, l'gars Fabien viens à l'instant d'me téléphoner à propos lui aussi d'la Bretagne : après avoir établi nos différents emplois du temps, nous nous sommes rendus compte qu'une rencontre à Sables-d'Or sera ardue cet été (bien que peut-être pas impossible : on n'a pas encore baissé les bras), mais il y
aura de plus fortes chances pour que cela ait lieu en début d'année
prochaine...
Sinon, suite au dernier message que j'avais envoyé, une petite idée m'est venue : il fut un temps (il y a 2 ans environ) où nous (quelques membres du groupe expérimentaliste) avions fait toute une série de débats-discussions au sujet de la sexualité. Or, je me suis dit que nous pourrions étendre cette initiative à d'autres thèmes.
Etant donné qu'il y avait quelques temps, un des membres de notre groupe avait voulu imposer à tout le groupe d'essayer du cannabis dans l'optique d'essais littéraires ou du moins comme expérience personnelle (et j'étais moi-même absolument contre à cette idée d'imposer quelque chose à des personnes pas forcémement consententes), je pense que le thème des drogues pourrait être un vaste sujet de discussions enrichissantes (je pense). Il ne
s'agirait pas là que quelqu'un impose son avis aux autres ou fasse changer d'avis d'autres personnes, encore moins d'une mise en pratique de quoi que ce soit (il s'agira de discussions pûrement théoriques et orales), mais au contraire de juste connaître l'avis (et eventuellement les expériences) de chacun sur la question. Chacun doit déjà avoir ses propres idées sur la question, et pour parler en ce qui me concerne, j'ai déjà un avis assez arrêté sur la question, mais je ne souhaite absolument pas à l'imposer aux
autres, mais au contraire, j'attend d'une telle réunion à ce que mon opinion évolue (ATTENTION : je parle bien d'"évoluer", ce qui est différent de "changer")...
Fabien serait également assez partant ; et comme une rencontre en Bretagne semble assez difficile à réaliser dans le court terme, il pense qu'il serait probablement plus facile pour tout l'monde d'organiser cela sur Paris.
Attente des avis de chacun sur cette idée de réunion, et j'vous informe de l'évolution des choses...

Amicalement,

Henrri De Sabates
St-Brieuc, 11 juin 2001

Ballade DADA à Rouen (mars 1998)

Ballade DADA à Rouen (mars 1998)

Ballade DADA à Rouen (mars 1998)

 

 

 

Chers amis,

Le festival d'arts des rues à Strasbourg (4 et 5 août 2001) dont je vous avais déjà parlé va se concrétiser : j'ai rencontré les responsables de la mairie de Strasbourg la semaine dernière et nous avons finalement obtenu l'accord de la ville.

Bon, eh bien étant donné que l'on a maintenant l'accord, il faut à présent fixer le programme (eh oui, c'est bien d'faire un festival, mais encore faut-il qu'on quequ'chose à y mettre dedans :-)... C'est pourquoi, si vous avez des idées de participation au festival (et je l'espère, car on aura besoin qu'il y ait le plus de prestations que possible), c'est dans le mois qui vient qu'il faut me les donner  : car le programme provisoir e doit être bouclé fin décembre pour l'envoi des dossier de subventions, dont on aura les réponses qu'en mars, et à partir desquelles on formera le programme définitif qui sera imprimé en avril sur les programmes culturels officiels de la ville de Strasbourg (donc, conclusion : ça urge, car le timing est très sérré...).

Ce dont nous avons à présent le plus besoin (car très peu de propositions de ce côté-là) comme type de prestations sont : du théâtre de rue (éventuellement sous forme de spectacles ambulant), des créations plastiques (chars, sculptures, etc..), arts du cirque (jonglage, acrobaties..), etc... (mais cette liste n'est absolument pas restrictive : toutes autres sortes d'idées sont les bienvenues). Au cas où vous soyez en panne d'idées, je peux éventuellement vous fournir quelques autres propositions de pistes d'idées...

En espérant que ce projet saura vous intéresser (et vous inspirer), je compte sur vous.

Amicalement,

Henrri (directeur du festival "Arts & Langues")
St-Brieuc, 18 novembre 2000

Contacter ERBEFOLE