Facinet Cisse

Nom : Facinet Cisse
Lieu de résidence : Paris (75) & Conakry (Guinée)


Activités au sein du collectif :
contributions individuelles

Choix d'oeuvres :

Présentation personnelle :
Voilà, quatre ans, quatre longues années que je vis au pays de la machine et de l'atome ; condamné entre ses montagnes glacées de béton et d'acier qui couvrent l'horizon - loin des miens.
Mais voilà la caque sent toujours le hareng et il n'y a là rien de sa faute.
Impuissance inspiratrice.
Mon Etre est Afrique
mon avoir Afrique
mon leitmotiv Afrique
Je suis cette Afrique qui fut
je suis cette Afrique n'est plus
je suis cette Afrique qui ne sera pas à-fric ou ne sera pas Afrique
Je suis Afrique
et je sers tout de même
et je sers même de silo
et je sers même de sot
mais je reste votre berceau
Le berceau de l'Homme
le berceau de la vie
Et je veux vivre ma vie de la vie
et je veux vivre libre dans ma liberté
Je suis Afrique mais je vis pour l'Homme.

CISSE Facinet
 

 


BONNE ANNEE A


Bonne année aux 500 mille personnes qui ont fêté 2004 sous la Tour Eiffel.

Bonne année à tous les SDF qui ont passé le réveillon à l'angle d'une rue, seuls, et qui aux douze coups de minuit n'embrassaient que les pavés vermoulus du macadam.

Bonne année à la pléthore d'enfants asiatiques exploités par les charlatans du nouveau soleil, celui de la mondialisation.

Bonne année au sixième de la population qui possède 85% de la richesse mondiale.

Bonne année à Gondwana qui ne possède que 1.8% de la richesse mondiale ; nous apprend-t-on de manière éhontée, qu'elle détiendrait plus de la moitié du potentiel géologique usuel de la planète.

Bonne année aux 240 millions d'Africains qui ont moins d'1 dollar par jour pour vivre.

Bonne année aux 26 millions d'obèses Américains.

Bonne année aux 820 millions de sous alimentés dans le monde dont la majorité sont des enfants.

Bonne année aux 88°/00 enfants Africains qui mourront avant leur premier anniversaire.

Bonne année aux 300 millions d'Africains, qui ne disposent ni d'électricité ni d'eau courante, ni de services d'assainissement.

Bonne année aux 300 millions d'Africains affectés par le paludisme dont 2millions meurent chaque année.

Bonne année aux 34 millions de séropositifs Africains et aux 3 millions d'enfants qui en mourront encore cette année.

       Aussi, bonne année à toi l'ami ; de grâce tu souhaiteras les meilleurs vœux à tous ceux que j'ai oubliés. Pardieu, qu'il y en a des oubliés ! Et toi pour qui la vie est belle, profites-en bien ; la nuit regarde les étoiles scintiller. Moi j'ai essayé de les contempler ces étoiles qui brillent dans le ciel, mais je n'en ai vu que cinquante qui brillaient.

       Prétentieux que je suis, je veux réhabiliter le "Pinacle" et l'Universal Negro Improvement Association. Au demeurant, tous ceux qui croient pouvoir changer le monde ne sont que des utopistes révolus. Mais encore l'ami, ne vaut-il mieux pas être utopistes que fatalistes ?

       D'ailleurs, comment sait-on que l'on ne peut changer le monde sans avoir essayé ?


                                                                                   CISSE Facinet



U.N.I.A
Le Miracle de l'Humanité


       Je prends langue pour ceux que l'on a acculés dans la claustration du désespoir, dresse un réquisitoire contre l'Occident-Le-Grand qui, ne pouvant ou plutôt ne voulant résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement, a choisi de fermer les yeux et de ruser avec ses principes. Je l'accuse de spolier les "bossales" et les "coolies" : je l'incrimine de lèse-humanité.

        A l'aube du IIIe millénaire, voici le miracle de l'Humanité : un Occident pyromane et pompier à la fois, catalyseur et médiateur à la fois, fesse-mathieu et charitable à la fois, " qui m'invite à sa table et me dit d'apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié". Il est vrai qu'il est charitable notre Occident-Le-Grand : il envoie liards et jattes de riz à cette engeance importune du Tiers-monde et cette dernière, comme le veut la tradition, lui offre quelques pierres de son sous-sol, en guise d'obole bien entendu.

       A l'aube du IIIe millénaire, voici le miracle de l'Humanité : des Hommes laissés pour solde à la famine, aux catastrophes, aux guerres, aux épidémies, à la mort comme s'il y avait des Hommes moins Hommes que d'autres : des Hommes-exploitation, des Hommes-dalle, des Hommes-mistoufle, des Hommes-miasme, des Hommes-mort.

       A l'aube du IIIe millénaire, voici le miracle de l'Humanité : des squelettes vivants sans habits, ni abris, mourant par inanition sous le silence coupable d'un monde ploutocratique plus que lâche, l'œil cynique d'une humanité velléitaire où les prétendues lois du marché ont ébranlé les lois du dharma et les droits de l'Homme.

       A l'aube du IIIe millénaire, voici le miracle de l'Humanité : une mère par ses fils violée, pénétrée, sodomisée. Ma mère, notre mère. Un continent qui n'espère plus et qui perd tout ; horripilé de convoitises intéressées comme si cinq siècles d'esclavage et de colonisation n'avaient pas suffi. Terre à jamais démantibulée, condamnée au mutisme, au défaitisme et à la stérilité.

       A l'aube du IIIe millénaire, voici le miracle de l'Humanité : une eau stagnante où pullule la pléthore d'anophèles. Une Afrique cadastrée, cadavéreuse, cadavérique ; un chienlit, un capharnaüm, un chambardement où les sifflements des balles, les barrissements des chars et les rugissements des canons ont noyé le chant des Balkis et les rires des enfants.
       Je récuse l'image de cette Afrique qui s'étiole, exangue, famélique, anémique : souk, carrière éculée, ciboire devenu cloaque.

      L'U.N.I.A appelle à la prise de conscience collective de la négation de l'Homme par l'Homme. Il faut agir pour sortir le Tiers-monde, l'Afrique plus instamment, du marasme et du paupérisme : voler le feu aux dieux du monde pour rebâtir cette société qui devra être "riche de toute la puissance productrice moderne, chaude de toute la fraternité antique".

                                                                                                          CISSE Facinet

 

On m'a empêché de crier

On m'a empêché de crier pour décrier le mépris de l'Homme par l'Homme.

Ne pouvant plus crier, j'écris mon cri.
On m'a empêché de crier que le Marché était notre fossoyeur

On  m'a empêché de crier que l'humanité avait enfin droit au bonheur

On m'a empêché de crier le cri des cris qu'on étouffe

On m'a empêché de crier le cri de l'espoir qui s'essouffle

On m'a empêché de crier le cri des consciences crispées

On m'a empêché de crier le cri des cœurs écoeurés

On m'a empêché de crier le cri de l'Homme-aliénation

On m'a empêché de crier le cri de l'enfant mourrant d'inanition

On m'a empêché de crier le cri de la terre agonisante

Et on m'a empêché de crier le cri de la vie mourante

Mais je crierai le cri du cri cloacal

Et de tout mon clic décrirai les capitalistes cannibales
                                                                                                    CISSE Facinet

 


Afrique
I


Afrique
vieille et belle Afrique
Afrique mon Afrique

De Narmer mon père
de la Balkis ma mère
terre fière
Sage
Sauvage
Lumière traversant les âges

Et Afrique de l'impérial Kilimandjaro
Phallus tutélaire du monde et féconde jusqu'au fin fond du Mendigo
Le brio intarissable dont se targuent les  griots

Afrique des Nègres et des dravidiens vivant
au va-et-vient des vents de la mousson et de l'harmattan
matant les crépuscules pour le soleil levant

                                                                                                        CISSE Facinet