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Nom
: Facinet Cisse |
Choix d'oeuvres : Présentation
personnelle : |
BONNE ANNEE
A…
Bonne année aux 500 mille personnes qui ont fêté 2004 sous
la Tour Eiffel.
Bonne année à tous les SDF qui ont passé le réveillon
à l'angle d'une rue, seuls, et qui aux douze coups de minuit n'embrassaient
que les pavés vermoulus du macadam.
Bonne année à la pléthore d'enfants asiatiques exploités
par les charlatans du nouveau soleil, celui de la mondialisation.
Bonne année au sixième de la population qui possède 85%
de la richesse mondiale.
Bonne année à Gondwana qui ne possède que 1.8% de la richesse
mondiale ; nous apprend-t-on de manière éhontée, qu'elle
détiendrait plus de la moitié du potentiel géologique usuel
de la planète.
Bonne année aux 240 millions d'Africains qui ont moins d'1 dollar par
jour pour vivre.
Bonne année aux 26 millions d'obèses Américains.
Bonne année aux 820 millions de sous alimentés dans le monde dont
la majorité sont des enfants.
Bonne année aux 88°/00 enfants Africains qui mourront avant leur
premier anniversaire.
Bonne année aux 300 millions d'Africains, qui ne disposent ni d'électricité
ni d'eau courante, ni de services d'assainissement.
Bonne année aux 300 millions d'Africains affectés par le paludisme
dont 2millions meurent chaque année.
Bonne année aux 34 millions de séropositifs Africains et aux 3
millions d'enfants qui en mourront encore cette année.
Aussi, bonne année à toi
l'ami ; de grâce tu souhaiteras les meilleurs vœux à tous ceux
que j'ai oubliés. Pardieu, qu'il y en a des oubliés ! Et toi pour
qui la vie est belle, profites-en bien ; la nuit regarde les étoiles
scintiller. Moi j'ai essayé de les contempler ces étoiles qui
brillent dans le ciel, mais je n'en ai vu que cinquante qui brillaient.
Prétentieux que je suis, je veux
réhabiliter le "Pinacle" et l'Universal Negro Improvement Association.
Au demeurant, tous ceux qui croient pouvoir changer le monde ne sont que des
utopistes révolus. Mais encore l'ami, ne vaut-il mieux pas être
utopistes que fatalistes ?
D'ailleurs, comment sait-on que l'on ne
peut changer le monde sans avoir essayé ?
CISSE Facinet
U.N.I.A
Le Miracle de l'Humanité
Je prends langue pour ceux que l'on a acculés
dans la claustration du désespoir, dresse un réquisitoire contre
l'Occident-Le-Grand qui, ne pouvant ou plutôt ne voulant résoudre
les problèmes que suscite son fonctionnement, a choisi de fermer les
yeux et de ruser avec ses principes. Je l'accuse de spolier les "bossales"
et les "coolies" : je l'incrimine de lèse-humanité.
A l'aube du IIIe millénaire,
voici le miracle de l'Humanité : un Occident pyromane et pompier à
la fois, catalyseur et médiateur à la fois, fesse-mathieu et charitable
à la fois, " qui m'invite à sa table et me dit d'apporter
mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève
la moitié". Il est vrai qu'il est charitable notre Occident-Le-Grand
: il envoie liards et jattes de riz à cette engeance importune du Tiers-monde
et cette dernière, comme le veut la tradition, lui offre quelques pierres
de son sous-sol, en guise d'obole bien entendu.
A l'aube du IIIe millénaire, voici
le miracle de l'Humanité : des Hommes laissés pour solde à
la famine, aux catastrophes, aux guerres, aux épidémies, à
la mort comme s'il y avait des Hommes moins Hommes que d'autres : des Hommes-exploitation,
des Hommes-dalle, des Hommes-mistoufle, des Hommes-miasme, des Hommes-mort.
A l'aube du IIIe millénaire, voici
le miracle de l'Humanité : des squelettes vivants sans habits, ni abris,
mourant par inanition sous le silence coupable d'un monde ploutocratique plus
que lâche, l'œil cynique d'une humanité velléitaire où
les prétendues lois du marché ont ébranlé les lois
du dharma et les droits de l'Homme.
A l'aube du IIIe millénaire, voici
le miracle de l'Humanité : une mère par ses fils violée,
pénétrée, sodomisée. Ma mère, notre mère.
Un continent qui n'espère plus et qui perd tout ; horripilé de
convoitises intéressées comme si cinq siècles d'esclavage
et de colonisation n'avaient pas suffi. Terre à jamais démantibulée,
condamnée au mutisme, au défaitisme et à la stérilité.
A l'aube du IIIe millénaire, voici
le miracle de l'Humanité : une eau stagnante où pullule la pléthore
d'anophèles. Une Afrique cadastrée, cadavéreuse, cadavérique
; un chienlit, un capharnaüm, un chambardement où les sifflements
des balles, les barrissements des chars et les rugissements des canons ont noyé
le chant des Balkis et les rires des enfants.
Je récuse l'image de cette Afrique
qui s'étiole, exangue, famélique, anémique : souk, carrière
éculée, ciboire devenu cloaque.
L'U.N.I.A appelle à la prise de conscience
collective de la négation de l'Homme par l'Homme. Il faut agir pour sortir
le Tiers-monde, l'Afrique plus instamment, du marasme et du paupérisme
: voler le feu aux dieux du monde pour rebâtir cette société
qui devra être "riche de toute la puissance productrice moderne,
chaude de toute la fraternité antique".
CISSE Facinet
On m'a
empêché de crier…
On m'a empêché de crier pour décrier le mépris de
l'Homme par l'Homme.
Ne pouvant plus crier, j'écris mon cri.
On m'a empêché de crier que le Marché était notre
fossoyeur
On m'a empêché de crier que l'humanité avait enfin
droit au bonheur
On m'a empêché de crier le cri des cris qu'on étouffe
On m'a empêché de crier le cri de l'espoir qui s'essouffle
On m'a empêché de crier le cri des consciences crispées
On m'a empêché de crier le cri des cœurs écoeurés
On m'a empêché de crier le cri de l'Homme-aliénation
On m'a empêché de crier le cri de l'enfant mourrant d'inanition
On m'a empêché de crier le cri de la terre agonisante
Et on m'a empêché de crier le cri de la vie mourante
Mais je crierai le cri du cri cloacal
Et de tout mon clic décrirai les capitalistes cannibales
CISSE Facinet
Afrique
I
Afrique
vieille et belle Afrique
Afrique mon Afrique
De Narmer mon père
de la Balkis ma mère
terre fière
Sage
Sauvage
Lumière traversant les âges
Et Afrique de l'impérial Kilimandjaro
Phallus tutélaire du monde et féconde jusqu'au fin fond du Mendigo
Le brio intarissable dont se targuent les griots
Afrique des Nègres et des dravidiens vivant
au va-et-vient des vents de la mousson et de l'harmattan
matant les crépuscules pour le soleil levant
CISSE Facinet